Que peut-on apprendre des acteurs de l’impact investing en Amérique Latine ?

Road2Impact
4 min readOct 12, 2021

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Même s’il est très différent de l’écosystème de l’impact investing en Europe, l’écosystème de l’Amérique Latine est lui aussi en pleine croissance. C’est du moins le constat que fait le rapport Impact Investing in Latin America supervisé par l’ANDE (Aspen Network of Development Entrepreneurs) qui s’appuie sur l’analyse de plus de 83 acteurs de l’impact investing présents sur le territoire Latino-Américain. L’écosystème pèse aujourd’hui plus de 715 Milliards de dollars selon le rapport “Annual Impact Investor Survey 2020” du GIIN (Global Impact Investing Network).

En Amérique Latine nous avons effectivement pu observer que l’écosystème de l’impact investing ne se structure pas de la même manière qu’en Europe.

Par exemple, contrairement à l’Europe où le mot impact investing est davantage lié au monde du private equity, en Amérique Latine celui-ci est davantage lié au financement par la dette. En effet, la dette est l’instrument financier le plus utilisé lorsque l’on parle d’impact investing dans cette partie du monde. Elle représentait par exemple 80% du capital déployé contre seulement 18% pour l’equity en 2019.

D’autre part, les thématiques dans lesquelles investissent les acteurs sud-américains de l’impact investing sont propres au contexte de leurs pays. Les deux thématiques qui concentrent le plus d’investissements à impact dans cette partie du monde sont l’agriculture et la microfinance. À celles-ci, s’ajoute peu à peu la préservation de la biodiversité qui est un sujet auquel s’intéresse une part croissante des acteurs investissant en Amérique Latine.

Si ces deux exemples montrent une fois de plus que les pratiques de l’impact investing sont encore très diversifiées, ils soulignent surtout à quel point leur approche est étroitement liée aux différentes réalités des régions ou des pays dans lesquels se font les investissements. C’est pourquoi nous voulions partager dans cet article les pratiques intéressantes d’acteurs que nous avons pu rencontrer lors de notre étape en Amérique Centrale.

1/ Adobe Capital : le “Revenue based financing” comme alternative innovante à l’equity

En Amérique Latine, peu d’acteurs font le choix d’investir via l’equity car le manque d’acteurs dans le secteur du private equity rend difficile la vente potentielle des parts de l’entreprise.Pour contourner la difficulté que peut entraîner la prise de participation au capital, la société de gestion mexicaine Adobe Capital utilise le “revenue based financing”, un outil qui se situe entre le financement par la dette et l’equity.

Dans ce type d’investissement, l’investisseur reçoit une part régulière du chiffre d’affaires de l’entreprise jusqu’à ce qu’un montant prédéterminé ait été payé. Généralement, ce montant prédéterminé est un multiple du principal et se situe entre trois fois et cinq fois le montant investi au départ. Cette alternative permet à la fois de réduire le risque pris par Adobe tout en maximisant le retour sur investissement qui se veut très compétitif et en ayant un pouvoir d’influence sur les entreprises en siégeant à leur board.

2/ Root Capital : la dette comme outil pour investir dans une agriculture plus durable

Root capital, un acteur actif sur plusieurs marchés émergents, utilise la dette pour transformer les communautés rurales en investissant dans des entreprises agricoles à fort impact. Si la dette n’est pas un outil très innovant, car démocratisé sur les marchés émergents par la microfinance, Root Capital se veut innovant par la manière d’accompagner les organisations ou personnes qu’ils financent. En effet, Root Capital s’est entouré d’une flotte d’experts en agronomie qui aide les agriculteurs à améliorer leurs méthodes de production afin de les rendre plus durables. Root Capital aide par exemple de nombreux producteurs de café au Pérou, au Honduras ou encore au Guatemala à améliorer leurs pratiques vis-à-vis de l’environnement.

3/ Deetken Impact : Investir dans les pays émergents avec un ancrage local

Un des principaux reproches fait aux investisseurs étrangers dans les pays émergents est de vouloir investir sans véritablement connaître la réalité du terrain et le contexte local de ces marchés. C’est pourquoi Deetken Impact, une société de gestion canadienne qui investi en Amérique centrale et dans les Caraïbes, a choisi d’avoir une présence locale sur le continent latino-américain en engageant des experts et des analystes locaux. Cela permet à Deetken de comprendre et de prendre en compte la culture locale des marchés sur lesquels ils opèrent. Ils investissent ainsi via des financements mezzanines à impact dans des projets d’énergie durable et d’efficacité énergétique tout en ayant une compréhension des enjeux locaux qui leur permet d’apporter une véritable additionnalité.

4/ Vox Capital : La technologie au service de l’impact social au Brésil

Vox Capital est la société pionnière et leader de l’investissement à impact au Brésil. Vox Capital investit dans des start-ups en séries A et B à fort potentiel qui servent la population brésilienne à faible revenu avec des solutions qui contribuent à améliorer leur vie. Les solutions doivent utiliser la technologie pour s’attaquer à des problèmes spécifiques en matière de santé, d’éducation et de services financiers. Leur objectif est d’offrir à la fois un rendement financier compétitif et un impact social important. Vox Capital est aussi très impliqué dans le développement de l’écosystème de l’impact investing brézilien via la participation à de nombreuses initiatives de place comme ANDE Brésil ou le NAB brésilien.

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